BRUXELLES 02/06 (BELGA) = L’Agence nationale des fréquences (ANFR) française a publié jeudi les résultats des tests réalisés entre 2012 et 2016 sur 379 téléphones portables. Ces données montrent que de nombreux GSM dépassent les taux de rayonnement maximaux lorsqu’ils sont contrôlés au contact du corps, ce qui ne les a pas empêchés d’être déclarés conformes parce qu’à l’époque les tests pouvaient être effectués à une distance jusqu’à 25 mm de la peau. Ces données concernent aussi les consommateurs belges: les règles en cause sont européennes et la Belgique se base sur les contrôles français.
Pour comprendre l’intérêt de ces données, il faut savoir que la législation européenne impose aux constructeurs, par précaution sanitaire, de limiter le taux de rayonnement des GSM. Celui-ci est calculé en « débit d’absorption spécifique » (DAS), une grandeur physique qui correspond à l’énergie absorbée par le corps par unité de temps et de masse. Le DAS maximal est de 2 W/kg pour la tête et le tronc et 4 W/kg pour les membres.
Jusqu’en 2012, l’attention des autorités portait surtout sur le DAS tête. Mais le développement des smartphones et l’usage par exemple d’oreillettes ont fait croître l’intérêt pour des contrôles relatifs au DAS tronc, explique l’ANFR dans un communiqué.
Problème: la réglementation européenne en vigueur était assez floue, puisque les constructeurs pouvaient choisir une distance entre 0 et 25 mm pour mesurer le DAS tronc (le DAS tête, lui, a toujours été mesuré en contact avec l’oreille). Or neuf GSM sur 10 dépassaient les seuils lorsqu’ils étaient contrôlés en contact avec la peau du corps.
En avril 2016, à la demande de la France, la formulation de la norme harmonisée européenne a été revue. Les appareils doivent être testés en contact de la peau pour le DAS qui concerne les membres (comme pour la tête), et à une distance de maximum « quelques millimètres » pour le tronc. En pratique, il s’agit de 5 mm maximum, assure l’ANFR. Une période transitoire est toutefois prévue jusqu’au 12 juin 2017 pour les modèles déjà commercialisés avant cette modification. Et pour les téléphones déjà achetés, rien ne change.
Des citoyens demandaient dès lors que les données des contrôles effectués avant avril 2016 soit rendues publiques, ce que l’ANFR refusait. Marc Arazi, ex-coordinateur de l’association environnementale Priartem, avait notamment saisi un juge des référés dans ce but, en vain.
La publication jeudi de ces données par l’ANFR, « contre toute attente », est « une première victoire pour notre action vers plus de transparence dans ce scandale sanitaire et industriel qui fait écho au Dieselgate », s’est félicité M. Arazi.
De son côté, l’ANFR insiste sur le fait que tous les appareils contrôlés entre 2012 et 2016 étaient conformes à la réglementation en vigueur. Les tests sont effectués avec un mobile qui émet à puissance maximale, ce qui est rarement le cas en pratique, souligne-t-elle aussi.
Pour accéder à toutes les données, par marque et modèle de GSM: https://data.anfr.fr/explore/dataset/das-telephonie-mobile/?disjunctive.marque&disjunctive.modele. /.CDU/CLA