L’étude des scientifiques du National Toxicology Program (NTP), agence rattachée à l’Institut national pour l’environnement et la santé de l’institut national pour la santé (NIEHS/NIH) marque un nouveau tournant dans la compréhension des risques pour la santé humaine et animale liés à la puissance des rayonnements des téléphones portables.
Après une étude d’une durée de plusieurs années et dotée d’un budget de 25 M$, le sérieux des deux rapports rendus ce 2 février 2018 (sur le rat et la souris) devrait mettre fin à la stratégie de déni du risque et de doute orchestrée par les industriels du secteur pour favoriser leur développement économique. Même s’il y fort à parier qu’ils vont se lancer dans une nouvelle bataille de dénigrement d’ici à la réunion prévue par le NTP le 28 mars pour rendre leurs conclusions après que la communauté scientifique ait pu présenter toutes ses observations et commentaires.
Les premières constatations de cette étude confirment plus chez le rat que sur les souris des liens avec une augmentation des tumeurs malignes et bénignes du cerveau (gliomes) mais aussi des tumeurs du cœur (schwanomes) ainsi que de nombreuses et diverses pathologies plus ou moins graves touchant le cœur (cardiomyopathie), la thyroïde et la prostate (hyperplasie).
Les niveaux de rayonnement élevés utilisés par les scientifiques du NTP jusqu’à des débits d’absorption spécifique (DAS) de 6 à 10 W/kg montrent d’importants effets biologiques lors du développement du fœtus ainsi que des effets génotoxiques sur les cellules (en particulier de l’hippocampe des rats mâles). Ce sont ces mêmes niveaux et même des niveaux bien plus élevés qui ont été mesurés lors des tests réalisés sur des DAS membres et corps par l’Agence nationale des fréquences (ANFR) entre 2012 et 2016 sur près de 270 téléphones portables. Mesures qui avaient été révélées par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) dans son rapport de juillet 2016 intitulé « Ondes des radiofréquences et santé des enfants ». Tests pour lesquels le Dr Marc Arazi, lanceur d’alerte du Phonegate mène un difficile combat juridique afin d’obtenir la publication complète des rapports de mesures que l’ANFR et son ministère de tutelle refuse toujours de rendre publics.
Enfin, et c’est un point particulièrement important dans le contexte de développement de nouvelles fréquences pour la téléphonie mobile, les deux gammes testées par le NTP, à savoir le GSM à 900 MHz et le CDMA n’ont pas les mêmes effets biologiques et n’engendrent pas les mêmes pathologies. Cela confirme bien, à l’évidence, la nécessité de faire des études de risque pour la santé humaine et animale avant toute mise en service de nouvelles fréquences, comme pour la 5G qui doit inonder la planète sous peu.
Nous allons donc soumettre avec l’aide de scientifiques, comme le permet la période de « Pier review » actuellement mise en œuvre par l’équipe du NTP, tous les éléments à notre disposition concernant les données des mesures du Phonegate afin d’obtenir l’avis de cette équipe lors de la réunion prévue le 28 mars 2018.
Le lien vers le communiqué de presse d’ EHTrust :
http://www.sbwire.com/press-releases/are-cell-phones-linked-to-brain-cancer-national-toxicology-program-releases-results-of-multi-year-study-926557.htm
Merci, Marc, de cette analyse. Qui reflète pas mal plus les résultats de l’étude que les commentaires obtenus par entrevue par l’Agence QMI avec l’un des chercheurs et rapportés par un quotidien au Québec. Ainsi que des articles de médias américains… Je me demande qui a vraiment lu les résultats de l’étude, quand je vois ce qui s’écrit depuis la publication des deux rapports…
Tout à fait Hélène. Je partage votre sentiment. Le discours va changer car les faits scientifiques sont têtus. Il n’est pas acceptable que John Bucher par certains de ses commentaires est créé un tel manquement à la déontologie scientifique. Il se devait lors de la conférence de limiter ses propos aux résultats de l’étude et à cela uniquement. Une telle attitude est plus celle d’un activiste que d’un chercheur.