Je me réjouis qu’une exposition ait été organisée vendredi dernier dans un quartier populaire de Nogent-sur-Marne. J’aime ces jours où la lumière baigne tous les quartiers de notre ville, sans exception. J’aime quand elle est mieux partagée que d’ordinaire. C’est comme si on y voyait plus clair en tout. J’ai pu constater que des travaux avaient commencé dans la résidence aux briques rouges. La priorité n’est d’ailleurs pas à la mise en œuvre de ce chantier, mais à la publicité de ceux-ci. Et cette communication bien à propos, à l’approche des municipales me pose question. Elle rafraîchit en particulier les mémoires nogentaises les plus rétives. Je ne suis pas de celles-là. C’est dire si ce battage me parle.
50 M € en jeu !
Il me ramène au temps où en tant qu’Adjoint au Maire j’étais administrateur de l’OPHLM, alors propriétaire de ce parc de plus d’un millier de logements sociaux. A l’époque, tout le monde s’accordait à dire que ceux-ci nécessitaient une réhabilitation. Une vraie. Si l’OPHLM n’en avait pas les moyens, comme le prétendait notre édile, l’OPHLM était prêt à se sacrifier. A céder à une instance mieux dotée, pour une durée de 90 ans, le bail du parc pour qu’il bénéficie enfin de ces incontournables grands travaux.
A l’époque, pour procéder à la transaction, le conseil d’administration de l’OPH s’était donc enquis d’estimer la valeur du parc. Celle-ci était selon les Domaines– décote de 30% comprise – de 66 M €. Valophis (ancien OPAC, soit l’OPHLM au niveau départemental) l’avait acquis à un prix un peu moindre… Valophis l’avait « acheté »… 16 M €.
Je me souviens comme si c’était hier de la réponse du Préfet et que Christine Boutin, alors ministre du logement, avait pesé pour qu’on négocie dans le sens de ce tassement. J’ai retenu que Valophis était devenu, pour presque un siècle, propriétaire d’un parc qui valait a minima 66 M€, en payant 16 M€. J’ai retenu que l’OPHLM avait consenti à faire glisser la coquette somme de 50 M € dans l’escarcelle de Valophis.
Sachant que Valophis, « en échange », prenait en charge une réhabilitation qui pesait… 9,4 M €. Arrondissons à 10 M€. 50-10 = 40 M€ si la réhabilitation était en effet assumée par Valophis. Plus généreux que l’OPHLM nogentais, tu meurs. Aussi généreux aussi puisque l’OPHLM, en se dessaisissant de la location de plus de 1 000 logements sociaux, s’est sabordé.
Au nom du cœur ?
A l’époque, j’avais dénoncé ces excès du cœur. J’avais même dénoncé le cadre qui les autorisait. Lequel d’entre vous céderait son bien (patrimonial et financier ; ici, un siècle de constructions et les revenus des loyers) pour un prix inférieur à celui qui correspondrait à l’effacement de sa dette (estimée à 17 M€ pour l’OPHLM) ? Or, ce marché a été passé le 16 juin 2009.
Oui, il s’agit d’un cas d’école. Ce que Jacques JP Martin préférait appeler à l’époque « une première ». Et si je saisis parfaitement l’intérêt de l’acquéreur, en revanche, je continue de m’interroger sur celui du vendeur. Ecartons l’absence de concertation qui a entouré… et régi la transaction pour nous en tenir à ce que révèlent les chiffres du comportement des deux parties. « Je te donne mon bien qui vaut 66 M€ et les revenus qui garantissent mon avenir pour que tu le répares à hauteur de moins de 10M € parce que je ne peux pas envisager de régler cette dernière somme». « Je t’achète ton bien pour la valeur des réparations que tu n’as pas le moyen d’assumer, à condition que tu me le donnes au lieu de me le vendre et ce, avec les revenus que tu en tires ». Admettons.
Les vrais dupes de ce marché sont les Nogentais
Pour rétribuer (40 M €) le service rendu (10 M€). Je ne décris rien d’autre qu’un marché de dupes. Auquel, s’il n’avait pas été acté, je n’oserais pas croire. D’autant que la partie gravement lésée –l’OPHLM – ne crie pas à la spoliation.
Ceux-ci me paraissent plutôt se trouver hors du cercle des acteurs de cette transaction rocambolesque, hors bande.
En réalité, ce sont en effet tous les Nogentais, dont on aurait voulu défendre l’intérêt, qui ont été floués. Aujourd’hui, de 50 M € au minimum. Les Nogentais seront priés de se consoler…avec une belle exposition.
Bonjour,
intéressant sujet que celui du logement social dans une ville où le maire (de droite) vous reçoit pour vous dire que le logement social n’existe pas alors même qu’il l’a cédé à un OPH départemental (de gauche) ! incroyable configuration ; autant se tirer une balle dans le pied car quel maire ne rêve pas de gérer SON parc OPH en se livrant lui-même à SA mixité sociale ? votre situation à Nogent est inédite ; un joli cadeau de la droite à la gauche, peut-être un retour sur investissement du grand Syndicat de l’eau SÉDIF en val de marne ?
Votre commentaire Mariza est bien vu! Justement nos concitoyens réclament de la transparence et ne veulent plus de pseudo accords entre amis/ennemis passés sous la table pour je ne sais quelles raisons sauf souvent celles de l’intérêt général.