L’alerte

C’est quoi le scandale du Phonegate?

C’est à cette question légitime que je vais tenter de répondre. Pour ma part, je propose cette définition qui me paraît bien résumer ce scandale industriel et sanitaire :

« Le Phonegate, c’est la révélation d’une tromperie généralisée des industriels de la téléphonie mobile sur les normes nationales et internationales censées protéger depuis 30 ans la sécurité et la santé de 5 milliards d’utilisateurs de téléphones portables »

Pourquoi les industriels ont-ils agit ainsi ?

« Vraiment, c’est très simple. L’idée des industriels et des ingénieurs était particulièrement intelligente, brillante, c’était de dire « On va connecter des gens un peu partout dans le monde et on va les connecter dans toutes les conditions possibles et imaginables”. Pour y arriver – et c’était tout le sens de l’intérêt commercial de ce projet- pour que les gens adhèrent, il fallait que ça fonctionne, que l’on ait une excellente connexion. Et pour avoir une excellente connexion, on a complètement délaissé la partie sanitaire, les industriels se sont dit „ « Notre priorité, c’est la performance, la connectivité ». Et il fallait autoriser autour de ce nouvel Eldorado une réglementation, une régulation qui soit parfaitement souple, laxiste d’un point de vue de la sécurité, de la santé des utilisateurs. Je dirais même, excusez- moi le terme, réglementation « bidon» . C’est une réglementation, qui a été faite sur mesure pour les industriels. »

Et plus grave encore, le Phonegate fait aussi écho au scandale sanitaire et industriel du Dieselgate. Car le pire dans tout cela, c’est que même ces normes laxistes n’ont pas suffit aux industriels…En effet, dans la concurrence que se livre les fabricants, ceux-ci utilisent des logiciels espions ou des algorithmes pouvant interférer, lors des contrôles des agences, sur le niveau d’exposition (DAS) et ce afin de « respecter » de manière trompeuse les normes réglementaires.

Pour ceux qui veulent en savoir plus, je leur conseille soit la lecture de mon livre Phonegate (Massot éditions), soit la consultation régulière du site de l’ONG Alerte Phonegate. En effet, chaque semaine ou presque, de nouvelles informations viennent confirmer un peu plus l’importance de ce scandale industriel et sanitaire international.

Il faut savoir qu’après plusieurs mois d’un travail collaboratif, un article « Scandale du Phonegate » a été proposé à la publication le 10 octobre 2018 dans la version française de Wikipédia. Depuis, le projet initial a fait l’objet de diverses modifications et améliorations. Et comme tout article de Wikipédia, son contenu peut-être amené à changer tout au long des développements à venir. Le titre toujours débattu a été modifié pour devenir soit Phonegate, soit Commercialisation de téléphones portables non conformes.

Malheureusement, depuis le 13 janvier 2021, vous ne trouverez quasiment plus aucune référence au scandale industriel et sanitaire du Phonegate dans l’encyclopédie Wikipédia française. La page « Phonegate » créée en octobre 2018 et rebaptisée « Commercialisation de téléphones portables non conformes » a été supprimée.  Ce sont ainsi des centaines d’heures de travail qui viennent d’être anéanties en un clic !

Cette décision montre à quel point la présence de ces informations pose problème aux industriels de la téléphonie mobile et au-delà aux pouvoirs publics. Depuis la publication de la page, certains contributeurs Wikipédia n’ont eu de cesse de tout faire pour minimiser les incidences de ce scandale planétaire. Ils sont parvenus à  leur fin.

La présentation ci-dessous est extraite de la page initiale de Wikipédia et en cliquant sur ce lien, vous pourrez accéder en ligne à la version supprimée.

Phonegate : 5 milliards d’utilisateurs surexposés aux ondes de leurs téléphones portables

Plusieurs centaines de millions de modèles de téléphones mobiles et smartphones des marques Apple, Samsung, Nokia, Alcatel, LG, Huawei, Sony, HTC, Motorola, Blackberry pour ne citer que les principaux sont concernés à travers le monde.

L’affaire liée aux résultats des tests réalisés par l’Agence nationale des fréquences (ANFR) est lancée en France en juillet 2016 par le Dr Marc Arazi[1] et la journaliste Fabienne Ausserre. Elle sera rendue publique en décembre 2016 à la suite de la parution d’un premier article[2] du site le Lanceur suivi d’un article du journal le Monde et du magazine Marianne. La paternité du terme Phonegate[4] revient au journaliste Pierre le Hir, dans son article publié, le 23 décembre 2016, dans Le Monde et intitulé « Soupçons sur les ondes des téléphones portables ».

Cette nouvelle affaire est liée à la fois, à l’utilisation de normes nationales, européennes et internationales totalement défaillantes et laxistes pour protéger la santé des utilisateurs de téléphones portables et autres objets connectés (tablettes, montres, etc…).

Et par ailleurs, le Phonegate fait écho au scandale sanitaire et industriel du Dieselgate[5].En effet, dans la concurrence que se livre les fabricants, ceux-ci utilisent des logiciels espions ou des algorithmes pouvant interférer, lors des contrôles des agences, sur le niveau d’exposition (DAS) et ce afin de « respecter » de manière trompeuse les normes réglementaires.

Depuis plus de 30 ans les constructeurs ont ainsi  pu vendre des téléphones portables à risques pour la santé et la sécurité des utilisateurs. Les consommateurs ont été sciemment trompés sur leurs véritables seuils d’exposition aux ondes électromagnétiques en conditions réelles d’utilisations au contact du corps (dans une poche, à la main ou dans un soutien-gorge).  Et ce doublement puisque non informés par les pouvoirs publics[6] de devoir garder le téléphone à distance du corps.

Contexte

Les résultats des tests de l’Agence Nationale des Fréquences

Des résultats globaux de tests réalisés en 2015 par l’Agence nationale des fréquences sur 95 téléphones portables, prélevés en magasin par des agents agréés, ont été publiés le 8 juillet 2016 dans un rapport[7] de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail  « Exposition aux radiofréquences et santé des enfants ».

Ils montrent que 89% des téléphones mesurés au contact du corps présentaient un débit d’absorption spécifique (DAS) supérieur a 2W/kg et 25% un DAS supérieur à 4 W/kg. Par ailleurs la notice d’utilisation de 25% des téléphones contrôlés présentant un DAS corps au contact supérieur à 2W/kg n’indiquait pas de distance minimale d’utilisation.

L’ANFR a parmi  ses rôles celui de contrôler le respect de la santé et la sécurité de la mise sur le marché des appareils radioélectriques. Ainsi en France et en Europe la réglementation impose que les DAS tête et Tronc ne dépassent pas 2W/kg, le DAS membre 4W/kg et le DAS corps entier 0,08W/kg.

Dès 2012 l’ANFR a commencé à tester les téléphones mobiles en utilisation réel, à savoir au contact de la peau (0mm) et/ou au quasi contact (5mm). Ces résultats gardés secrets pour les consommateurs ont pourtant amenés les autorités françaises en 2014, par la voix de la Direction générale des entreprises a demandé à la Commission européenne une révision de la norme EN 50566:2013 afin qu’elle ne permette plus au fabricant de choisir une distance de mesure possiblement incompatible avec une utilisation réaliste des équipements. C’est ce que confirme l’ANFR via son site Internet qui publie :

«  Les autorités françaises, par la voix de la Direction générale des entreprises (DGE), sur la base des campagnes de mesures de l’ANFE, ont estimé nécessaire une révision de la norme EN50566:2013 afin qu’elle ne permette pas  au fabricant de choisir une distance possiblement incompatible avec une utilisation réaliste des équipements.« 

En juin 2016, la commission européenne ajoute une mise en garde spécifique obligeant les fabricants à utiliser 0mm de distance pour mesurer le DAS membre et quelques mm de la peau pour le DAS Tronc sans fixation d’une distance limite. Ce qui fait réagir le journaliste Emmanuel Lévy du magazine Marianne[8] :

« Problème : quelques millimètres, combien cela fait pour un fabricant : 1.10 ou pourquoi pas comme avant 25? Bref une victoire à la Pyrrhus pour l’ANFR.« .

 Jusque là les industriels pouvaient mesurer les DAS Tronc et membres à une distance pouvant aller de 15 à 25 mm de la peau. Soit en « lévitation » pour reprendre l’expression utilisé par le journaliste et écrivain Nicolas Berard dans son article publié dans le journal l’Age de faire en septembre 2017.

Dans un premier temps, l’ANFR a refusé de rendre public ses mesures de tests de téléphones portables réalisées entre 2012 et 2016. En expliquant dans les colonnes du Canard enchaîné[9] du 2 août 2017, par la voix de Gilles Bregant, son Directeur Général :

« On pensait que ces données étaient réservées aux débats contradictoires avec les constructeurs. Et donc qu’on n’avait pas le droit de les mettre à disposition du public. Ce n’est pas à nous de tirer le signal d’alarme« .

Première victoire en juin 2017 avec la publication des tests

Puis suite aux actions menées par le Dr Marc Arazi contre l’ANFR devant la Commission au document administratif (CADA) qui donne un avis positif en novembre 2016, puis l’action en référé mesure utile devant le Tribunal Administratif de Melun et le conseil de Marc Dandelot, Président de la CADA en avril 2017 interrogé par l’ANFR, l’Agence se résout à publier le 1er juin 2017 de premiers résultats partiels sur son site Data. Ce dernier recense 379 modèles de téléphones portables indiquant le DAS tronc au contact de la peau et à 5 mm en comparaison des DAS mesurés à la distance choisis par le constructeur.

 Dans ces conditions, les modèles des marques les plus connues et les plus vendues se trouvent présenter des niveaux pouvant dépasser près de quatre fois la limite maximum. L’ANFR les considère comme « conforme » dans son information publique.

Seconde victoire en mars 2018 avec la publication des rapports intégraux

Devant le refus de publication par l’ANFR des rapports intégraux et de divers autres documents, le Dr Arazi saisit en décembre 2017, à nouveau le Tribunal administratif de Melun, cette fois ci au fond. C’est dans ce contexte que l’ANFR choisit le 8 mars 2018, par un communiqué sur son site de publier l’intégralité des rapports de tests réalisés par les laboratoires agréés. Rapports ayant tous été « mis en forme » pour publication.

Depuis des dizaines d’autres victoires ont été remportées, portés depuis mars 2018 par l’ONG Alerte Phonegate cofondé par le Dr Marc Arazi et qu’il préside à ce jour.

Lire le premier article publié le 9 juillet 2018 sur le blog

 

[1] « Marc Arazi, le lanceur d’alerte du Phonegate Article de la journaliste Cécile Dubois pour le quotidien en ligne 94 Citoyens le 5 octobre 2017

[2] « Téléphones portables : l’ANFR ne communiquera pas la liste des modèles dangereux «  Article du Journaliste Antoine Silliéres du site le Lanceur

[3] Press book sur le site  d’Alerte Phonegate

[4] « Soupçons sur les ondes des téléphones portables »Article du journaliste Pierre Le Hir du journal Le Monde du 23 décembre 2016

[5] « Did CELLRAID do »volkswagen » to the telecom industry? »Article du Pr Finlandais Dariusz Leszczynski

[6] Campagne des « 6 bons gestes » du Ministère de la Transition écologique et solidaire en décembre 2017

[7] Rapport de l’ANSES du 8 juillet 2016 « Exposition aux radiofréquences et  santé des enfants »

[8] « Téléphones mobiles: vers un scandale sanitaire? »Article du journaliste Emmanuel Levy pour le magazine Marianne

[9] Article du Canard enchaîné du 2 août 2017 « Allô, je n’entends rien ! »

Dr Marc Arazi

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